les Personnages du Carnaval

le Diable

le Diable

Le Diable, Satan, Belzébuth, est le personnage principal du Carnaval de Pont-Saint-Martin.
Celui qui l’incarne personnifie le Diable bafoué par Saint-Martin qui lui a fait construire le magnifique pont mais qui ne lui paie pas le prix convenu comme le raconte la légende.
Il est habillé d’un costume rouge feu, d’un bonnet aux cornes rouges et d’une longue queue qui traîne par terre, d’un grand manteau noir et rouge, un trident bicolore et manifeste à tout moment son caractère irrespectueux et inquiet. Par opposition à Saint-Martin, doux et aimable, il est très énervé, furieux: par des rires gras et les cris effrayants, il appelle ses diablotins invisibles et court dans les rues, en bouleversant le sévère défilé.
Pendant la préparation du potage aux haricots, il se gave, parce qu’il sait que les haricots sont flatulents et font répandre une lourde odeur de soufre…
Pendant les soirées, il joue le rôle du tentateur et s’amuse à poursuivre de ses assiduités la Nymphe, les Demoiselles et les autres dames.
Pendant la retraite aux flambeaux du Mardi-Gras, tout le monde le regarde. Arrivé au milieu du pont romain, il doit en effet pousser un cri d’effroi, se montrer sur le parapet tandis que le pantin qui le représente brûle sous l’arcade du pont. A’ partir de ce moment-là, le diabolique Satan a rempli son mandat et il devrait disparaître dans le néant…  

Saint Martin

Saint Martin

C’est un des personnages clé du Carnaval de Pont-Saint-Martin présent dès 1910. Avec le Diable, son ennemi, il joue un rôle de premier plan, du samedi au mardi soir. Il trouve son origine aussi bien dans la légende en tant qu’adversaire du Diable pour la construction du pont que dans la réalité historique. Ainsi, habillé de l’uniforme romaine qui rappelle son passé dans l’armée impériale, il porte l’épée mais ne s’en sert pas. Il salue la foule en la bénissant, il se signe, c’est un personnage gentil et aimable.

Au cours des défilés, il prend place auprès du Diable et joue le rôle de pacificatuer. Il prend alors une attitude calme et digne sans céder aux provocations du Diable.

la Nimphe du Lys

la Nimphe du Lys

Dès 1952, la Nymphe du Lys est le personnage le plus aimé et le plus admiré par les habitants de Pont-Saint-Martin pendant le Carnaval.
La fée de Colombera est, dans la légende, une femme très belle qui habitait les cavernes de cet endroit.
Ce personnage, au début méchant et ensuite bienfaisant envers la population de Pont-Saint-Martin, remonte selon la tradition au Moyen-Age. Le peuple réussit à amadouer la fée grâce à la célèbre phrase: “Baissez-vous, la belle, et laissez-nous le pont!”, quand elle descend le torrent, le Lys, sur une vague gigantesque pour quitter la Vallée, en direction de la Doire.
C’est un personnage gentil, ouvert, aux traits et aux manières très gracieuses; elle lance des fleurs et des friandises au peuple qui l’acclame, au cri de: “Vive la Nymphe!”. Elle porte des vêtements flottants, aux couleurs des eaux du Lys, elle est assise sur un char qui représente les vagues du torrent (dessiné par le sculpteur Cristiano Nicoletta), avec ses Demoiselles, et elle lance toutes sortes de fleurs, mais surtout du mimosa et des bonbons, et non plus des oranges désormais tombées en désuétude. Elle sourit toujours, même s’il existe des difficultés, liées au mauvais temps ou bien à d’autres raisons, et elle a un rôle très important pendant les soirées dansante, où elle doit faire danser le public.
Son nom est toujours accompagné de l’attribut “belle”, indiquant la qualité exigée de la personne qui ne pourra jouer ce rôle convoité qu’une fois dans la vie et dont le nom restera inconnu jusqu’à la soirée du Samedi-gras.
Ê tre nymphe est un moment fort et unique dans une vie, qui récompense des espoirs longtemps déçus.
Le soir du Samedi-gras, quand les projecteurs éclairent le balcon et la voix annonce: “Peuple de Pont-Saint-Martin, la merveilleuse fée est encore parmi nous! Interprétée par…”, un frisson parcourt la foule et la Nymphe aussi vit un moment de gloire inoubliable.

le Consul romain

le Consul Romain

C’est un personnage très important dans notre Carnaval, présent dès 1910. Il joue avec la Nymphe un rôle de premier plan. Le personnage ne rappelle aucun consul romain en particulier, même si quelques-uns indiquent le nom de Appius Claudius Pulcher. Il avait combattu contre les Salasses en 143 av. J. C. Quoi qu’il en soit, le nom du consul romain n’a aucune importance dans le Carnaval, mais il faut qu’il respecte l’histoire en portant une toge blanche, couverte d’un manteau rouge pourpre.
Il défile sur le bige et salue comme les anciens Romains en disant “Vale” ou “Valete”, acclamé par la foule au cri de “Vive le Consul”.
Souriant, la démarche fière et dégagée, mais dominant visiblement les gardes romains et les tribuns, il est galant avec la Nymphe qu’il accompagne aussi bien dans les bals que dans les réceptions et les défilés à pied.

Informations Historiques

Le Consul était le personnage le plus important de la République romaine et représentait l’objectif final que les politiciens désiraient atteindre dans leur carrière. Un des honneurs les plus recherchés par les Romains était celui de donner son nom à l’année, en effet ils nommaient les annés, à partir de la fondation de Rome (753 av. J. C.), avec le nom du citoyen qui était consul en cette année-là.
C’était le Chef de l’Etat et le Chef du Gouvernement, charge comparable aujourd’hui à celle du Président de la République présidentielle (comme aux Etats-Unis), à la différence que le pouvoir du Consul était limité à une année et partagé avec un collègue, car les magistratures romaines étaient caractérisées par l’annuité et la collégialité. Les premiers Consuls parurent à Rome en 509 av. J. C., c’est-à-dire à l’epoque de l’expulsion des rois, dont les Consuls assumèrent toutes les fonctions civiles et militaires.
Ils avaient: 1) le commandement de l’armée; 2) la facultés de convoquer les comices; 2) la facultés d’assembler et de presider le Sénat pour faire approuver les lois et des édits; 4) l’administration de la justice et des finances; 5) le pouvoir de fixe les recensements; 6) la réalisation des œuvres publiques.
C’étaient les comices par centuries qui les élisaient, à peu près une année avant d’occuper la charge, le ler janvier. Pendant cette année on les appelait les "Consul désignés".
Si un Consul en place mourait, le Consul désigné lui succédait. Quand un Consul avait terminé son mandat, il devenait "vir consularis" (ancien consul) et jusqu’à sa mort il était membre du Sénat. Les Consuls étaient toujours précédés par douze licteurs qui portaient une hache placée dans un faisceau de verges, symbole du commandement, "imperium", c’est à dire du pouvoir de vie et de mort que le Consul avait sur les citoyens.
Le dernier Consul romain fut Decius Theodorus Paulinus, nommé en 534 ap. J.- C. Cette charge eut donc une durée de mille ans.

les Demoiselles

les Demoiselles

Les deux Demoiselles sont nées en 1954 pour accompagner la Nymphe pendant tout le Carnaval et empêcher qu’elle ne reste seule parmi les hommes présents dans le défilé historique.
Par tradition ce sont deux très belles jeunes filles, célibataires représentant la fine fleur de la jeunesse du village.
Elles portent des robes fluides et vaporeuses, comparables aux vagues du Lys; sont assises sur le char auprès de la Nymphe et l’aident à lancer des fleurs et des friandises. Pendant le bal, les admirateurs les invitent à danser et elles ne peuvent refuser. Elles restent toujours à la disposition de la Nymphe, pendant les réceptions et les défilés, et jouissent d’une grande popularité auprès des garçons de leur âge.

les Tribuns de la plèbe

les Tribuns de la plèbe

Les Tribuns de la plèbe sont intégrés au Carnaval historique à partir de 1958.
Liés au consul, aux gardes et aux soldats romains, ils forment le cortège des personnages inspirés de l’ancienne Rome, rappelant la réalité historique de notre pont majestueux. Actuellement au nombre de quatre, ils défilent sur les biges en souriant à la foule, en saluant comme les anciens Romains et en conservant une attitude digne.
En tant que représantants du peuple, ils sont aimables et cordiaux pendant les cérémonies, invitent les dames à danser, escortent le Consul, la Nymphe et ses Demoiselles. Ils parcourent les rues du village, la tête nue, avec une toge blanche et avec la dignité qui convient à leur charge. 

Informations historiques

Les Tribuns de la plèbe étaient les représentants du peuple romain. Ils furent nommés pour la première fois en 494 avant J.-C., quand il y eut la révolte du peuple romain contre les patriciens. Dès ce moment, le peuple eut le droit d'élire deux représentants, qui ensuite augmentèrent en nombre, jusqu'à être dix.
Ils étaient considérés comme des magistrats de la même importance que les autres. Ils avaient le pouvoir de suspendre ou d'abroger les décrets des autres magistrat; ils pouvaient prendre des délibérations ou même annuler les décisions du Sénat, si elles étaient contraires aux intérêts du peuple. C'est pour cela qu'ils pouvaient accueillir chez eux tous ceux qui avaient besoin de leur soutien, jour et nuit, et qu'ils en pouvaient jamais quitter la ville.
Les Tribuns témoignaient de combien de démocratie et de progrès il y avait dans l'Etat romain. C'est pour cela qu'on peut les comparer aujourd'hui à nos sénateurs et à nos députés, qui nous représentent. Ils défendaient le peuple des excès du pouvoir consultaire, étaient les porte-parole des nécessités populaires et jouissaient donc aussi de l'immunité parlementaire.

comment les Tribuns étaient-ils habillés

 Les Tribuns aussi portaient la toge, un grand manteau drapé et fixé sur l'épaule gauche. A leurs pieds, ils portaient des sandales ou des brodequins couvrant les mollets, de couleur sombre. Aux doigts, ils n'avaient aucune bague. La tête était nue. Ils ne portaient ni barbe, ni cheveaux longs et ils se rasaient soignesement.

le Chef des Gardes et les Gardes

le Chef des Gardes

Le Chef des Gardes est un personnage créé en 1910 spécialement pour notre Carnaval, car notre pont, à l’époque romaine, était gardé jour et nuit. Une tour de garde (située sur la droite du pont) permettait la surveillance.
Le Chef des Gardes est donc le responsable du pont et commande plusieurs miliciens (généralement quatre), tous à cheval, qu’il peut convoquer pour toute nécessité. Il porte un costume qui a changé pendant ces derniers trente ans, mais qui rappelle assez fidèlement l’uniforme du soldat romain. Dans les premières années de l’après-guerre, la Garde du pont était appelée Légion et on disait que c’étaient les légionnaires qui avaient construit le pont.

les Soldats romains

les Soldats Romains

Les Soldats romains sont présents dans le Carnaval historique seulement depuis 1976 et leur costume fut conçu à l’occasion du défi historique contre les Salasses. Ils représentent l’armée romaine, renommée par sa discipline.
Ils défilent au pas de marche, ils sont sobres et ne répondent pas aux provocations des Salasses.

Informations historiques

Dans l'armée romaine les soldats étaient affectés aux Légions. Chaque Légion était composée de cinq cents Fantassins et de trois cents Cavaliers.
En bataille, les fantassins se plaçaient sur trois rangées: en première ligne ceux qui étaient armés d'une lance et qui actuellement sont représentés dans le Carnaval; puis les soldats de la seconde ligne et enfin en troisième ligne les triaires.
Chaque légion était encore divisée en Cohortes, en Manipules et en Centuries. Il n'y avait aucun drapeau, mais plutôt des enseignes avec un aigle en or fixé sur une hampe, avec l'inscription: S.P.Q.R. (Senatus Populus-Que Romanus), qui ètaient portées par des soldats appelés vexillaires (porte-étendard).
En guerre, l'armée était commandée par des Tribuns militaires, qui à leur tour exécutaient les ordres du Consul, remplacé parfois par un Légat. Immédiatement sous les Tribuns militaires, il y avait les centurions et enfin les décurions.
Les punitions étaient très frèquentes et on recourait aussi bien aux coups de verge qu'à la peine de mort. Quand la désobéissance était collective, on mettait à mort un soldat sur dix: c'était la décimation. Les récompenses militaires étaient quand même assez nombreuses: médailles, bracelets, fêtes, triomphes et ovations, en cas de victoire sur l'ennemi.

les Salasses

les Salasses

Les Salasses furent introduits dans le Carnaval en 1976, à l’occasion du premier “Défi en costume d’époque entre Salasses et Romains”. C’est un groupe de femmes et d’hommes, interprété par des personnes robustes, les cheveux longs, habillées de vêtements grossiers et de guêtres fourrées ou en toile grossière.
Les salasses se laissent aller à toute sorte d’excès, en provoquant le rire de la foule. Par opposition aux Romains, bien armés et ordonnés, on dirait une horde de Barbares, grossiers et frustes, aimant les libations et les repas pantagruéliques. Leurs armes sont donc une grande fourchette, un coutelas et une louche.

 Informations historiques

Sur l'exitence des Salasses il y a une documentation écrite certaine. Dans les chroniques de guerre romaines, on lit que les Salasses et les Lépontiens étaient des tribus taurisciennes. Au II siècle av. J.-C, le consul Appius Claudius Pulcher attaqua les Salasses, mais il fut battu et perdit dix mille soldats. Selon les Romains, il perdit la bataille parce que, avant le combat, il n'avait pas fait les sacrifices propitiatories. On decida alors de répéter l'expédition. Cette fois, on envoya deux décemvirs. Appius Claudius put affronter une deuxème fois les Salasses, après avoir abondamment sacrifié aux dieux.
Il les battit et en tua cinq mille, mais on lui refusa le triomphe parce qu'il y avait eu trop de soldats morts dans les deux batailles.
Nous savons que le territoire des Salasses comptait de nombreuses mines d'or et qu'ils contrôlaient les passages alpins. Ils détournaient l'eau de la Doire pour laver l'or et ils étaient ainsi toujours en désaccord avec les habitants de la plaine qui nécessitaient de l'eau pour l'arrosage. Ils étaient toujours en conflit avec les Romains et les provoquaient par des actes de brigantage, en endommageant les voyageurs qui parcouraient leur territoire pour aller en Gaule.
Même les habitants de la nouvelle ville d'Eporedia (Ivrée) ne réussirent pas à faire valoir leurs raisons et les Romains décidèrent d'arriver à un accord. En 43 av. J.-C., le consul Decius Brutus, fuyant Modène, arriva en Vallée d'Aoste et dut payer pour son passage un péage d'une drachme par soldat. Dès 35 av. J.-C., le légat d'Auguste, Antistius Veteres, les assiégea, en leur faisant manquer le sel. Mais aussitôt que le légat fut reparti pour Rome, ils renouvelèrent leurs provisions de sel et affrontèrent la nouvelle garnison.
Ils firent précipiter des rochers sur les convois de soldats en marche et réussirent aussi à s'emparer de l'argent du Consul. Auguste se décida ainsi, à la fin des guerres civiles, à éliminer cet îlot de rébellion.
En 25 av. J.-C., il envoya contre les Salasses Aulus Térentius Varron Murena, qui réussit par la ruse, où l'on n'avait pas réussi par la force. Il convoqua les Salasses pour le paiement d'un tribut, en échange d'une trêve. Ils acceptèrent naïvement, c'est pourquoi les soldats romains réussirent à les capturer ficilement. Strabon nous raconte qu'Auguste les fit vendre comme butin de guerre, après les avoir amenés à Eporedia, On compta 36.000 prisonniers, dont hit mille combattants. Térentius Varron-même, qui les avait battus, les vendit aux enchères. Après cet épisode, les Romains purent costruire Augusta Praetoria (Aoste).

les Filles romaines

les Filles romaines

Dernièrement le cortège a été enrichi par un groupe de romaines à pied: de gentilles demoiselles habillées d’une veste très simple de style romain avec un manteau bleu, vert ou pourpre.
On a voulu compléter le groupe de personnages inspirés de l’époque romaine, essentiellement masculin par la présence de ces jeunes filles honorables.

les Sénateurs

La charge honorifique des Sénateurs a été instituée en 1990 en reconnaissance aux personnes, aux autorités et aux organisations qui ont particulièrement contribué au développement et à la valorisation de la tradition du carnaval. Chaque année un personnage, considéré apte à occuper cette importante charge, est nommé sénateur et il le sera pour toujours, hôte d’honneur de toutes les grandes cérémonies qui se tiennent pendant ces jours de fête

Extrait de:
L. PRAMOTTON - S. MINIOTTI
Il Diavolo e San Martino
Musumeci Editore, 1988